La progression de l’entrepreneuriat féminin constitue un enjeu majeur pour cette nouvelle décennie. Le plan d’action régional en faveur de l’entrepreneuriat des femmes, mis en place en 2018, avait pour objectif de porter la part des femmes créatrices d’entreprises à 45% d’ici 2020. Avant l’heure des résultats, revenons aux bases: qu’est-ce que l’entrepreneuriat féminin?

L’entrepreneuriat féminin en quelques chiffres

Défini par les initiatives de création de valeur et de développement économique portées par les femmes, l’entrepreneuriat féminin est encore sujet d’inégalités sociales dans notre société. En effet, le monde de l’entreprise peine encore à offrir des positions équivalentes aux femmes et aux hommes. Ainsi 72,8% des dirigeants d’entreprises en France sont des hommes, contre 27,2% de femmes seulement.

Pour autant, si on en croit les études menées par l’observatoire BNP Paribas de l’entrepreneuriat[1] au féminin, 60% des femmes estiment que c’est une forme d’engagement pour changer la société (contre 51% d’hommes) et que cela leur permet de « donner plus de sens à leur vie » pour 35% d’entre-elles (contre 21% pour les hommes).

Des freins au changement

Être entrepreneur suppose de nombreuses contraintes liées à ce métier. Être femme entrepreneuse engendre des contraintes additionnelles qui parfois se sont révélées être un frein à l’entrepreneuriat.

En effet, si ces difficultés sont souvent liées à notre culture sociétale, les femmes sont dites plus prudentes : 10% d’entre-elles disent manquer de confiance en leur capacité à développer leurs affaires et 36% ont peur de ne pas dégager assez de revenu. D’autres points sont également importants, comme les idées reçues et les stéréotypes de genre, l’attitude des hommes face à une femme porteuse de projet ou dirigeante d’une entreprise, les contraintes familiales ou encore l’organisation du quotidien.

Parité femmes/hommes : la France en nette progression au classement mondial

Selon l’étude « Mastercard Index of entrepreneurs 2019 »[2] réalisée pour la 3ème année consécutive, les Etats-Unis sont devenus « le meilleur pays au monde pour être une femme entrepreneure » en se classant au premier rang avec un score de 70,3 points sur 100. La France, qui a encore du chemin à faire en se situant à la 12e place avec un score 64,8 points, à tout de même réalisé une augmentation de 7,3% de points et a ainsi gagné 22 places au classement.

Cependant, en moyenne dans le monde, la loi n’accorde aux femmes que trois quarts des droits des hommes. Ainsi, d’après le rapport du World Economic Forum[3], si le même rythme de progression des droits des femmes est maintenu, il faudrait encore 202 ans pour atteindre la parité. Le point noir de la France ? L’inégalité des salaires, où notre pays se place au 133e rang de ce rapport sur 149 pays étudiés.

Et en Région Nouvelle-Aquitaine ?

En Nouvelle-Aquitaine, une étude de l’INSEE[4] parue en mars 2019 a révélé que le profil des créatrices néo-aquitaines diffère sensiblement de celui de leurs homologues masculins. En effet, si elles se lancent dans la création d’entreprise plus tôt, c’est essentiellement pour être indépendantes et assurer leur emploi. Pour elles, conserver ou acquérir leur indépendance est plus important que l’opportunité d’augmenter leurs revenus. Ces résultats sont étroitement liés au nouveau plan d’action mis en place par la région. 

Signé en juin 2018, le plan d’action régional en faveur de l’entrepreneuriat des femmes en Nouvelle-Aquitaine[5] a pour objectif de porter la part des femmes créatrices d’entreprises à 45% d’ici 2020. En déployant 850 000 euros sur la durée de la convention, quatre priorités ont été établies :

  • sensibiliser et accompagner la création et la reprise d’entreprises par les femmes ;
  • faciliter l’accès des créatrices au financement ;
  • développer des actions vers les activités innovantes et dans les territoires fragiles (zone rurales, quartier politique de la ville), qui se caractérisent par de plus faibles taux de création d’entreprise par les femmes ;
  • valoriser l’entrepreneuriat féminin par la formation et la communication.

Des avantages pour le pays

Selon une étude récente du Fond Monétaire International[6], l’égalité femmes-hommes apporterait des avantages à l’économie du pays. En effet, l’augmentation du nombre de femmes en situation d’emploi signifierait plus de productivité, de croissance ainsi que l’augmentation de la diversité des compétences. Les hausses de croissance et de productivité étant distribuées équitablement entre les hommes et les femmes, une augmentation des salaires pour tous serait établie. Enfin, il y aurait davantage de bien-être économique, dans la mesure où une augmentation du taux d’emploi des femmes et de la rémunération entraînerait une progression de la consommation et des loisirs.

Maéva CHANUT


[1] L’Observatoire BNP Paribas. (2019, octobre 3) – https://group.bnpparibas/actualite/l-observatoire-bnp-paribas-entrepreneuriat-feminin-elements-chiffres-cles

[2] Cette étude s’appuie sur des données publiques provenant de l’Organisation internationale du Travail, de l’UNESCO ou encore du Global Entrepreneurship Monitor. Elle réalise son classement à partir de trois principaux segments considérés comme favorables à l’entrepreneuriat féminin : résultats de l’avancement des femmes ; actifs de connaissances et accès financier ; soutient des facteurs entrepreneuriaux. – https://newsroom.mastercard.com/wp-content/uploads/2019/11/Mastercard-Index-of-Women-Entrepreneurs-2019.pdf

[3] Forum économique mondial ou FEM

[4] Institut national de la statistique et des études économiques – (2019, mars 07) https://www.insee.fr/fr/statistiques/3742193#consulter

[5] Région Nouvelle-Aquitaine – http://www.prefectures-regions.gouv.fr/nouvelle-aquitaine/Actualites/Economie/1er-anniversaire-du-plan-d-actions-regional-en-faveur-de-l-entrepreneuriat-des-femmes#

[6] BPI France – https://www.bpifrance.fr/A-la-une/Dossiers/Entrepreneuriat-feminin/Parite-femmes-hommes-la-France-championne-du-monde-45958

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